L’art du maté pour les nuls (comme moi)

On lit l’article jusqu’au bout, il y a une vidéo inédite à la fin!

En ce moment je ne sors pas beaucoup de Valparaíso (à part la semaine dernière, jour ferié, où j’ai fait voyage dans la remorque d’un pick up avec mes colocs espagnols devant des paysages magnifiques pour arriver sur une plage paradisiaque de sable fin dans une petite crique entourée de hautes falaises, des vagues vert émeraude gigantesques se brisant sur le rivage, où on a passé la journée. Et tout ça à un peu plus d’1h de Valpo… mais je n’avais pas mon appareil. Mes colocs sont à présent presque tous partis voyager, la maison est bien vide et bien silencieuse… Et je ne peux plus parler français, si ce n’est avec les chats.

Bref. Je me suis dit que j’allais en profiter pour vous parler des choses du quotidien. Aujourd’hui je ne suis pas venue pour vous parler bronzage et farniente, mais je vais aborder quelque chose de très sérieux. Si vous suivez le blog assidument, vous avez lu dans le dernier article que je m’étais faite un peu remonter les bretelles par Rodrigo mon maître de stage quand j’avais, telle une gringa criminelle que je suis, tout simplement versé de l’eau bouillante dans une tasse à maté où j’avais mis un peu de cette herbe magique. (Le maté j’entends).

Aujourd’hui, j’ai voulu réparer mon erreur devant le reste du monde. Du moins, le reste du monde qui lit mon blog.

Petit histoire d’un breuvage ancestral vecteur d’identité

Le nom « maté » vient du quecha « matí » qui signifie « calebasse » récipient dans lequel on le boit. Il est aussi appelé « thé du Paraguay » ou « thé des jésuites »

Le maté est une infusion traditionnelle qui se consomme beaucoup en Argentine mais qui est aussi répandue au Brésil méridional, au Chili, au Paraguay, en Uruguay et aussi en Bolivie. Historiquement, ce sont les indiens Guaranis (issus de ces mêmes régions) qui ont les premiers utilisé cette plante lors de la période pré-colombienne. En effet, ces derniers plantaient de la hierba maté sur les sépultures des ancêtres pour que leurs esprits grandissent avec la plante et viennent inspirer les vivants qui la consommaient.

Quand les colons sont arrivés, ils ont d’abord vu cette boisson comme la boisson du démon, puis se sont rendu compte que le maté rendait les hommes plus forts au travail et l’ont peu à peu adopté.

Selon l’anthropologue Daniel Vidart, le maté est bien plus qu’une simple boisson, mais a aussi une fonction sociale. D’une part dans la mesure où c’est un retour au racine pour qui le consomme loin de son pays natal. C’est aussi un fort vecteur de lien social, c’est le maté qui rapproche un groupe d’amis et non pas le groupe qui apporte le maté. On le verra un peu plus loin avec la cérémonie traditionnelle de préparation. Aujourd’hui, le maté se consomme partout, chez le coiffeur, dans la rue, chez soi mais… pas dans les bars!

Le maté au Chili

Alors qu’au XIX, le maté était si populaire que les anglais l’appelais « le thé à la chilienne », au XXe siècle avec l’arrivée du thé et du café, la consommation du maté est arrivée en 3e position. Il se consomme surtout dans les zones rurales. Néanmoins, en ville, ce sont les étudiants et les employés de bureaux qui l’affectionnent particulièrement du fait de ses vertus bénéfiques. Je me permet de rajouter : et les hippies, que je vois de temps en temps marcher dans la rue, ou à des concerts, leur tasse à maté à la main.

Une infusion pas comme les autres

A présent, petit focus sur la yerba maté. Cette plante (Ilex paraguariensis, ça vous épate hein, quand je fais de la biologie) pousse surtout en Uruguay, Paraguay et au Brésil.

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Parenthèse minceur (idéal pour les fêtes, vous voyez je pense à votre ligne): la yerba maté ainsi consommée en infusion possède de nombreuses propriétés. En effet, le maté est un diurétique et une boisson tonique, un antioxydant. Il a des propriétés amincissantes et permet de réduire le cholestérol, favorise l’attention, la concentration et contient beaucoup moins de caféine que le thé ou le café.

Rien que ça.

L’art de la préparation du maté

Comme je le disais au début de l’article, préparer le maté est tout un art. Pour commencer ça ne se boit pas dans n’importe quoi. Cela m’amène à vous parler de la calebasse (calabaza, ou encore maté). Ci-dessous la mienne, en porcelaine.

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Elles peuvent être aussi être en courge (on en trouve notamment chez les marchands ambulants dans la rue) en bois, en métal etc. et le goût est un peu différent selon le matériau du récipient. J’ai même vu des photos sur internet de gens qui se construisaient des tasses à maté éphémères avec des oranges vidées. Voici quelques exemples…

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D’ailleurs, ça faisait un moment que j’en voyais en courge dans la rue mais je me disais que ça avait pas l’air très net, tout rugueux avec des bouts d’écorce qui se détachaient etc. Pauvre novice que je suis. J’ai découvert il y a peu que ces calebasses se préparent, ici on dit curar el maté. Il faut en effet, avant la première utilisation, la remplir de maté et d’eau chaude et laisser reposer dans 24h pour que le récipient gonfle un peu et soit près à l’emploi, éventuellement en retirant les résidus. Au moins, j’en apprends tous les jours et à présent un petit tour chez les marchands ambulant s’impose.

Autre ustensile in-dis-pensable : la bombilla, à savoir, une paille de métal avec un filtre au bout, car oui le maté se boit avec les feuilles qui restent dans la tasse.

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Le maté, quand il est bu à plusieurs, est associé à tout un rituel. Le personnage principal est le cebador, à savoir celui qui sert le maté. Dans la tradition pure, ce dernier utilise une seule calabaza et une seule bombilla. Il prépare le maté selon les règles, puis passe le breuvage à l’un des convives. Une fois que ce dernier  a terminé, il redonne la calebasse au cebador qui prépare un maté pour le suivant et ainsi de suite. Si on remercie le cebador, ça signifie que l’on ne veut plus boire de maté.

Maintenant, le meilleur pour la fin. Parce que Rodrigo n’est pas rancunier et que des images valent mieux que mille mots, il a accepté de faire en direct live une vidéo de préparation du maté… (presque) en français! Il m’a dit que si un argentin tombait sur cette vidéo il aurait sûrement envie de le tuer, orgueilleux que sont les argentins de leurs traditions, étant les principaux consommateurs de maté aujourd’hui. Donc si vous connaissez des argentins…

La préparation du maté from Julie au Chili on Vimeo.

J’espère que cet article vous a plu et vous a donné envie de tester! Avant de partir, j’avais déjà vu des sachets ou du maté en vrac dans les magasins bio style Biocoop (pour ne pas faire de publicité sur le blog, personne ne me paye promis). Quand aux calebasses, je prends les commandes!

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La semaine prochaine, dans un nouvel épisode de « musique lointaine » je vous parlerai du rock argentin, que j’écoute en boucle depuis plusieurs semaines et dont je ne me lasse pas.

A partir du 24 décembre, il faudra sûrement patienter un petit peu avant d’avoir les nouveaux articles car je m’envole découvrir l’Equateur pendant un peu plus de deux semaines!!

 

 

 

2 réflexions sur “L’art du maté pour les nuls (comme moi)

    1. Bonjour Nina! Celle que l’on voit dans l’article (qui est en céramique) je l’avais acheté dans une petite boutique assez haut dans la rue Almirante Montt, mais je ne sais pas si elle existe toujours. Si tu cherches des calebasses, tu en trouveras peut être dans les petites boutiques de souvenirs sur le port (perso j’avais acheté les miennes à Santiago et en Argentine…) J’espère que ça pourra t’aider 🙂

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