Murales #4 – Polanco l’émergent

Aujourd’hui je vais vous parler d’un cerro que j’ai visité il y a déjà quelques mois mais qui m’avait tout de suite attiré l’attention et qui avait été un coup de coeur, tant par son histoire que par son apparence : le cerro Polanco. Les photos sont un peu anciennes, la lumière d’hiver en témoigne, mais les murs eux n’ont pas bougé.

Le cerro Polanco est bien loin des cerros stars dont je vous parlais dans le dernier article sur les murales. Il y a une quinzaine d’années il ne valait mieux pas y mettre les pieds, à moins d’avoir besoin de passer commande pour acheter des « herbes » et substances illégales en tout genre. C’est en effet – du moins de ce que j’en ai vu – un cerro avec une grande rue principale autour de laquelle s’articulent diverses rues parallèles. Il y a quinze ans, dans chacune d’elle, à la nuit tombée, on trouvait une bande de dealers différente. C’était aussi un quartier avec des réalités sociales très dures : problèmes de drogue, d’alcoolisme, de violence, de chômage… un joyeux mélange…

Et puis les choses ont commencé à changer grâce à des initiatives qui m’ont beaucoup intéressées. La première fois que je suis allée dans ce cerro c’était dans le cadre de mon stage, pour aller dans un centre culturel qui s’appelle Planeta Polanco. Ces derniers se sont installés il y a justement une quinzaine d’années avec le but d’occuper l’espace, de faire bouger les choses, d’apporter un peu de mieux dans ce contexte social si tendu. Et c’est ce qu’ils ont fait. Par exemple, ils organisent des activités culturelles pour les jeunes. Ils essaient de sortir des jeunes de la rue et de la drogue en les prenant en charge, en leur montrant qu’ils pouvaient faire quelque chose de leur vie même si le système scolaire n’est pas fait pour eux. Ils les initient à l’artisanat par exemple, ou les aident à ne pas décrocher pour ceux qui veulent suivre les études. Ils récupèrent également de nombreux édifices abandonnés du quartier et essaient d’obtenir des subventions pour en faire des salles de répétition de théâtre, de danse, de co-working, de cours de cuisine etc. Et ça fonctionne. Le quartier n’est aujourd’hui pas l’un des plus calmes et des plus sûrs de la ville, mais on peut néanmoins s’y balader relativement sans problème en milieu de journée, en prenant des précautions. C’est pour ça que je suis y retournée fair des photos quelques semaines plus tard avec un coloc, notamment des murales qui m’avaient beaucoup marqués de par leur taille impressionnante. Ils sont en effet le résultat d’un concours qui avait été organisé dans le quartier il y a quelques années.

Alors il  y a peut être un peu moins de photos que d’habitude, mais c’est aussi un quartier où il faut relativement rester discret. Au bout d’une petite demi heure à se balader, des habitants nous ont en effet dit de faire attention, de ranger mon appareil, de rester sur les grands axes etc. on allait pas tenter le diable. Mais c’était important pour moi de vous montrer une autre facette de Valparaíso, car la ville est loin de se résumer à ses deux quartiers historiques où se promènent les touristes.

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Aujourd’hui, ce cerro est même en plein essor, si bien que certains porteños disent qu’il fait partie de ces quartiers émergents qui pourraient bien détrôner les cerro Alegre et Concepción dans quelques dizaines d’années. L’avenir nous le dira.

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